De Gino Bartali à Tadej Pogačar, Campagnolo a été témoin de nombreux exploits extraordinaires sur le Tour au fil des années.
1 GINO BARTALI, 1948

ILes succès de Gino Bartali vont bien au-delà du cyclisme. Cinq fois vainqueur du Grand Tour, il a été l’un des plus grands cyclistes du monde entre 1935 et 1954, année de sa retraite, mais ce sont les actes de grand héroïsme que l’on retient de ce coureur hors du commun.
En 2010, il a été révélé que, pendant la Seconde Guerre mondiale, Bartali a sauvé la vie de plus de 800 personnes en utilisant le guidon de sa bicyclette pour dissimuler de faux documents d’identité, les délivrant, avec des visas de sortie, à des Juifs en fuite, leur permettant ainsi d’échapper à la déportation vers les camps d’extermination.
Il a également caché une famille juive entière dans sa cave, un acte qui, selon l’un des survivants, a sauvé la vie de tous les membres de la famille. Sur le plan cycliste, Bartali a remporté trois Giro d’Italia et deux éditions du Tour de France, dont la seconde en 1948, dix ans après sa première victoire.
La Grande Guerre ne permet pas à Bartali de remporter d’autres victoires au Tour dans ces années-là, mais, comme nous venons de le mentionner, Gino se rattrape en 1948 en remportant la course et pas moins de sept étapes. Il a parcouru les 4922 km en franchissant la ligne d’arrivée de la dernière étape en tête, avec plus de 26 minutes d’avance sur son dauphin, Briek Schotte, devenant ainsi le premier coureur à gagner le Tour avec un groupe Campagnolo.
2 EDDY MERCKX, 1969

Qu’ont en commun l’astronaute Neil Armstrong et la légende du cyclisme Eddy Merckx ? Oui, vous l’avez deviné : Merckx a remporté le premier de ses cinq titres du Tour de France (un record qu’il détient avec cinq autres coureurs) le jour même où Armstrong est devenu le premier homme à poser le pied sur la lune.
Et le Belge a remporté le titre avec style…
L’année 1969 avait bien commencé bien pour Merckx, qui utilisait un groupe Campagnolo (Nuova), avec des victoires à la Vuelta a Levante (Levante, bien sûr, est aussi le nom de la nouvelle roue pour gravel de Campagnolo) et au Paris-Nice. Il a ensuite remporté le Tour des Flandres avant de participer à une série de compétitions qui l’ont vu gagner neuf fois en 17 jours.
Dans la perspective du Tour de France, Merckx avait allégé son calendrier de courses, se présentant frais et bien entraîné pour son nouvel objectif : celui de gagner une Grande Boucle pour la première fois.
Le Belge s’est également montré en grande forme, remportant quatre étapes avant la difficile 17e étape dans les Pyrénées. Dans l’ascension du Tourmalet, Merckx est au coude à coude avec les principaux aspirants au titre, avant de passer la vitesse supérieure pour tenter de se détacher du peloton dans une échappée considérée par beaucoup comme suicidaire.

Merckx atteint le sommet du Tourmalet avec une avance de 45 secondes et ne se relâche jamais, portant l’écart à huit minutes au terme de l’ascension du Col du Soulor et du Col d’Aubisque.
Ce fut une incroyable démonstration de force… mais dans le cyclisme, les choses peuvent changer à tout moment : à 50 kilomètres de l’arrivée, le Belge fait une crise d’hypoglycémie et doit « tout donner, comme jamais auparavant », comme le dit Merckx lui-même après l’étape.
Il a remporté ce que beaucoup considèrent comme sa plus grande victoire, en s’emparant du titre de champion du monde avec près de 18 minutes d’avance sur le Français Roger Pingeon.
3 BERNARD HINAULT, 1978

Il est difficile de croire que le triomphe de Bernard Hinault dans le Tour de France 1985 a été la dernière fois qu’un coureur français a remporté le maillot jaune. La victoire de 1985 est la cinquième pour le Français, sept ans après son premier triomphe.
En 1978, Hinault remporte son premier GrandTour, la Vuelta a España, qui se déroule alors au printemps, pour l’équipe Renault-Gitane-Campagnolo, sur des vélos équipés de groupes Campagnolo.
Ce résultat renforce les chances d’Hinault dans le peloton et, pendant le Tour de France, le peloton choisit Hinault comme porte-parole à l’occasion d’une grève organisée pour protester contre le découpage des étapes du parcours.
À la fin de la 12e étape vers Valence-d’Agen, les coureurs sont descendus de leur vélo et ont franchi la ligne d’arrivée à pied en signe de protestation. Hinault avait gagné le titre de « patron » du Tour de France.
Toujours aussi confiant, Hinault semble prendre encore plus d’assurance, prenant le maillot jaune dans le contre-la-montre final avec plus de quatre minutes d’avance sur ses rivaux et remportant son premier titre de Tour de France avec 3’56” d’avance sur son dauphin.
4 MARCO PANTANI, 1998

Marco Pantani est considéré comme le plus grand grimpeur de l’histoire de ce sport. Il a déjà prouvé sa supériorité dans les virages en épingle à cheveux lors des éditions 1994 et 1995 du Tour de France, où il a remporté le maillot blanc du classement des jeunes.
En 1994, il prend la troisième place au classement général de son premier Tour, un exploit qu’il répète en 1997.
Au printemps 1998, le Pirate fait plaisir à son public en remportant son premier Grand Tour, le Giro d’Italia, ainsi que le maillot bleu des grimpeurs.
Pantani avait certainement la forme pour aborder le Tour de France, mais avait-il aussi la fraîcheur nécessaire ? Le prologue d’ouverture n’est pas de bon augure, puisque Pantani termine 181e sur 189 coureurs. Cependant, comme l’étape ne fait que 5 km, le cycliste de Cesenate ne perd pas beaucoup de temps.
Lors de la 15e étape, le favori, Jan Ullrich, est en tête du classement général ; Pantani est quatrième à plus de trois minutes.

La 15e étape de 189 km entre Grenoble et Les Deux Alpes était la première des étapes alpines. Le mauvais temps, avec des pluies torrentielles et un froid glacial, accompagne les coureurs tout au long de l’étape. Mais les conditions défavorables ne découragent pas le Pirate qui, avec le groupe Campagnolo Record et les roues Shamal, défie l’averse et la compétition pour remporter la victoire d’étape avec presque deux minutes d’avance sur Rodolfo Massi.
Ullrich, en proie à des problèmes de forme et à un peu de malchance, franchit la ligne d’arrivée avec près de neuf minutes de retard. Pantani prend le maillot jaune, avec près de quatre minutes d’avance sur Bobby Julich.
Il porte le maillot jaune jusqu’à Paris, devenant ainsi le septième coureur de l’histoire à réaliser le doublé Giro-Tour dans la même saison.
5 TADEJ POGAČAR, 2020

Nous sommes début 2019 et un Slovène relativement inconnu du nom de Tadej Pogačar se présente au Tour Down Under pour ses débuts avec l’équipe UAE Team Emirates. Pogačar avait quitté l’équipe locale Ljubljana Gusto Xaurum à l’intersaison après avoir remporté le Tour de l’Avenir en 2018.
En Australie, il montre son potentiel en se classant 13e au classement général. Un bon début, mais pas de nature à préparer la compétition et le monde à ce qui allait se passer ensuite.
En septembre, il remporte trois étapes de son premier grand tour, la Vuelta a España, terminant troisième au classement général, ce qui est suivi d’une victoire dans la Volta a la Comunitat Valenciana en février 2020.
En raison du COVID, les organisateurs sont contraints de reporter le départ du Tour de France à la fin du mois d’août. Après sa performance en Espagne, l’équipe des Émirats arabes unis a décidé d’élire Pogačar comme homme vedette de l’équipe.
Aurait-il été dans le top 5 ? Peut-être. Un podium ? Probablement pas.
Une première semaine très positive permet à Pogačar de s’installer à la 16e place, et après une neuvième place lors de la huitième étape, le Slovène parvient à faire son entrée dans le top 10 (neuvième position). La neuvième étape, de Pau à Laruns, est la deuxième étape de montagne consécutive… et c’est aussi le tournant pour le Slovène qui, en battant Primož Roglič au sprint, devient le plus jeune vainqueur d’étape du Tour depuis des décennies.

Maintenant en septième position, le top 5 est certainement plus réaliste. Après la victoire dans la 15e étape, la deuxième place semble être fermement établie et Roglič peut devenir le premier Slovène à gagner le Tour.
La 20e étape est un contre-la-montre en montagne de 36,2 km entre Lure et La Planche des Belles Filles. Sur le papier, Roglič était le coureur le plus fort et avec 57 secondes d’avance sur Pogačar, la première place au classement général semble une formalité.
Mais dans le cyclisme, il ne faut jamais rien prendre pour acquis.
Pogačar, tirant le meilleur parti de son groupe Campagnolo Super Record EPS et de ses roues Bora, enregistre un temps de 55’55”, et c’est maintenant au tour de Roglič.
Généralement très confiant, Roglič semble en grande difficulté, perdant de précieuses secondes à chaque coup de pédale. Roglič termine à près de deux minutes de Pogačar, qui devient le plus jeune vainqueur du Tour après la Seconde Guerre mondiale.
Le Slovène se répète facilement en 2021 et trois victoires consécutives sur le Tour semblent maintenant être une réelle possibilité.
